Par l’Equipe Zalis

 

Pour en savoir plus, jetez un coup d’œil au livre sur lequel est basé cet article : Daniel Cohen, Les fiches outils du dirigeant d’entreprise, Eyrolles, 2017

 

La croissance de l’entreprise est susceptible de nécessiter des financements importants, qu’il s’agisse d’acquérir une autre entreprise, d’accroître la capacité ou la productivité d’une unité de production, ou de développer une activité nouvelle, outre le financement des BFR induits.

Si chaque projet est unique, tous doivent être abordés au regard des avantages et contraintes propres aux différentes possibilités de financement.

 

En amont, anticiper, bien définir le besoin de financement, convaincre des partenaires

 

Le projet doit être bien défini, quantifié et qualifié. L’entreprise doit d’abord s’assurer qu’il est cohérent avec son business model, s’inscrit valablement dans son business plan (projection sur au moins trois ans) en en mesurant le retour sur investissement, et en décliner l’exécution dans un plan d’action.

Avant de l’engager, il est essentiel de s’assurer disposer des moyens de le financer d’une part, de s’assurer d’autre part qu’il ne produira pas d’effets défavorables sur sa capacité à faire face à ses besoins courants, et notamment au financement de son cycle d’exploitation.

 

A ce titre, il convient de rappeler que les crédits court terme ont vocation à participer au seul financement du besoin en fonds de roulement et qu’il est indispensable que les emplois à long terme soient couverts par des ressources à long terme.

 

L’entreprise doit ensuite examiner et comparer les différentes possibilités de financer le projet. Cet exercice semble parfois un peu négligé. L’ambition et la volonté d’entreprendre pouvant parfois distraire de la mesure des réalités financières et de la bonne appréhension du niveau de risque supportable pour l’entreprise et pour les apporteurs de capitaux.

Cet examen des risques se doit d’être lucide et transparent pour pouvoir convaincre les investisseurs ou prêteurs, tout autant qu’il participera à déterminer le coût et les conditions de leur intervention.

 

En aval, arrêter un montage de financement optimal

 

Un investissement peut se financer de cinq façons :

 

–           Par autofinancement, sur les fonds propres de la société. C’est un levier vertueux pour l’entreprise : perspective d’une rentabilité économique supérieure au rendement d’une trésorerie excédentaire, absence de frais financiers, préservation de l’indépendance de la société,

 

–           Par apport des actionnaires, qu’il faut convaincre du bien-fondé du projet et de la perspective de création de valeur et/ou de distribution de revenus (dividendes),

 

–           Par emprunt bancaire, emprunt obligataire ou crédit-bail : au-delà du bénéfice de l’effet de levier, cette option nécessite de s’assurer que la valeur créée par l’investissement excède le coût de l’emprunt. En tout état de cause, qu’il couvre le service de la dette. Cela paraît évident et pourtant, des entreprises se mettent en difficulté par un recours excessif à l’endettement.

 

–           Par l’appel à subventions et à aides publiques. Selon l’objet de l’investissement, ces ressources peuvent s’avérer significatives et fort utiles.

 

–           Par cession d’actifs non stratégiques ou hors core-business. Ce levier permet de réduire le recours à des financements externes et d’optimiser l’efficacité des capitaux investis.

 

Dans le cadre d’un projet de croissance externe (achat d’une entreprise), il est possible de recourir à un financement de type LBO (Leverage Buy-Out). Ce type de financement est plus porteur de risques puisqu’il repose sur la capacité de l’entreprise cible à distribuer par dividendes le revenu nécessaire au remboursement de la dette souscrite par l’acquéreur, tout en continuant à faire face à ses propres besoins courants.

 

Ce montage présente deux avantages principaux pour l’acquéreur : il permet d’acheter une société sans avoir à mobiliser trop de fonds propres, et d’optimiser son assiette fiscale en y déduisant la charge des intérêts générés par la dette grâce au principe français d’intégration fiscale (sous réserve de seuils).

Mais il présente aussi l’inconvénient de fragiliser l’emprunteur s’il s’avérait que la cible s’avère moins performante et rentable que projeté.

Il faut en outre être particulièrement vigilant lors de la rédaction de la documentation bancaire, car certaines des clauses du contrat de financement peuvent imposer de lourdes contraintes rendant la gestion de l’entreprise acheteuse moins souple (montants maximaux autorisés d’investissements, ratios financiers imposés tels que dettes/fonds propres).

Subsidiairement, des profits de LBO trop spéculatifs accroissent le risque et le coût d’un dénouement difficile.