Par le Bureau d’Etudes Zalis Paris

 

 

Des crises de plus en plus récurrentes

 

Les crises semblent effectivement de plus en plus récurrentes

 

Source : Financial Times

 

Source : Financial Times (données Deutsche Bank)

 

Les crises se sont multipliées ces dernières années. Certains expliquent cette abondance des crises économiques et financières par une répercussion de chocs essentiellement politiques, d’autres comme Paul Krugman, dans Pourquoi les crises reviennent toujours, considèrent le système économique et financier comme intrinsèquement instable et propice aux crises.

 

Ces crises sont multiples…

 

 

 

 

…et se transforment rapidement en une crise globale

 

Toute crise, aussi minime soit-elle, peut aujourd’hui se propager par différents mécanismes à l’ensemble du système économique mondial:

 

  • Interdépendance entre les secteurs: les activités sectorielles sont toutes liées les unes aux autres. Une crise des composants (2021, crise du cuivre) se répercute sur le secteur industriel tout entier.

 

  • Internationalisation de l’économie: les chaînes de production s’étant internationalisées, les entreprises et investisseurs sont devenus des acteurs mondiaux et non plus nationaux. Une crise se propage rapidement d’un pays à l’autre, voire d’un continent à l’autre.

 

  • Effet psychologique de la crise: la crise entraîne une chute de la confiance des acteurs (entreprises, investisseurs, ménages), laquelle se traduit par une baisse de la consommation et une hausse de l’épargne de précaution.

 

 

Le point de bascule dans un monde de crises…

 

15 août 1971

A cette date, Richard Nixon et son Administration décident de suspendre la convertibilité-or du dollar américain. Le passage à des monnaies garanties par les gouvernements plutôt que par l’or a permis une accumulation de la dette sans précédent. La fin de ce système permet de faire face à une crise en injectant de l’argent frais, certes, mais cela fragilise aussi la confiance des acteurs dans le système (peur du surendettement et de la faillite du système entier).

 

Augmentation continue de la dette depuis les années 70s (Source : Financial Times)

 

 

Les crises récurrentes viennent s’ajouter aux risques globaux, qui n’ont pas disparu pour autant

 

Les risques globaux persistent…

 

Dans toutes les régions du monde, les agents économiques (entreprises, Etats, ménages) doivent faire face à des déséquilibres macroéconomiques constants (accentués depuis la crise de 2008) qui menacent l’activité et peuvent se transformer en crise face à des chocs. Parmi ces risques macroéconomiques globaux :

  • Tensions inflationnistes ;
  • Monnaie surévaluée ;
  • Déficits budgétaires ;
  • Surendettement ;
  • Chômage de masse.

 

Existent aussi des risques sociaux, également menaçants pour l’activité :

  • Vieillissement de la population ;
  • Déséquilibre croissant dans le partage de la valeur ajoutée à la suite de la tertiairisation de l’économie

 

 

… et instaurent un climat d’incertitude qui empêche toute sortie définitive de crise

 

Ces risques précédemment cités contraignent l’activité économique et constituent des freins à la prise de risques, au désir d’entreprendre, éléments pourtant phares d’une croissance soutenue de long-terme.

En Allemagne, l’indice ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung) mesure le Sentiment économique, c’est-à-dire les perspectives économiques des agents sur six mois. Un niveau au-dessus de 0, ou en croissance, est signe d’optimisme, et un niveau en-dessous de 0, ou en décroissance, est signe de pessimisme économique. Cet indicateur est compilé à partir d’un sondage effectué auprès d’environ 350 investisseurs industriels et analystes allemands.

 

Source : Financial Times (données Thomson Reuters)

 

 

Bien réagir face à cette déferlante de crises et d’incertitudes 

 

Les réactions des entreprises – entre prévention et anticipation

 

 

Prudence et maîtrise des risques

Dans cette situation d’incertitudes, le management est essentiel pour les entreprises. Il permet de se protéger de manière autonome face aux crises.

A cette fin, la direction générale doit s’impliquer fortement, mettre en place une revue régulière des risques et insuffler une culture d’appréciation du risque pour tous les projets. C’est un processus long mais indispensable à la survie de l’entreprise.

 

Reprise des investissements

Malgré le climat d’incertitude entourant nos économies, les entreprises doivent préparer l’avenir. L’accumulation de trésorerie pendant la crise sanitaire a permis à certaines de lancer des tournants stratégiques dans leur développement.

 

Source : Statista

 

Les réactions des Etats – du soutien au laissez-faire

 

 

 

Les réactions des institutions financières – vers un re-façonnement du service proposé

 

Actions des Banques Centrales

La FED et la BCE semblent avoir acté la fin du Quantitative Easing et se dirigent vers des politiques monétaires plus restrictives :

  • Relèvement des taux d’intérêt de la FED : prévisions de taux directeurs à 1,5% fin 2022.
  • Fin progressive du programme de rachat d’actifs « Urgence pandémie » (PEPP) de la BCE

Les institutions financières contraignant le crédit, moins d’endettement sera possible de la part des agents économiques.

 

Source : Financial Times

 

Services de couverture offerts par les assurances

  • Prise en compte accrue des risques globaux actuels (risque pandémique, risque de guerre…)
  • Adaptation des prix et de la diversité des offres de couverture
  • Déclin des offres de couverture jugées moins pertinentes

 

Cours boursiers

  • Pétrole, charbon, armement : retour en grâce des « mauvais garçon » c’est-à-dire les producteurs de pétrole, de charbon ou d’armes (Le Monde)
  • Avertissements sur les valorisations de la Tech et des énergies renouvelables

 

 

Les réactions des citoyens : protestation et adaptation

 

Le pouvoir d’achat affecté 

Cette récurrence des crises se traduit ces dernières années par une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs (la hausse des prix, de l’énergie notamment, n’est plus forcément compensée par une hausse des salaires comparables).

+19% de hausse des tarifs de l’électricité

+50% de hausse moyenne des tarifs du gaz

 

Changement des modes de vie et du rapport au travail

Imbrication des espaces de travail, jeu, et vie intime depuis le confinement de mars 2020. Avec le télétravail, les liens physiques se sont distendus entre les entreprises et les individus, mais les études constatent, avec surprise, que le sentiment d’appartenance de l’individu à son emploi et son entreprise a été renforcé avec le télétravail.

 

 

La crise comme opportunité

 

Les crises sont des opportunités pour tester sa résilience

 

Les crises peuvent et doivent être vues comme des opportunités ; opportunité de tester sa résistance face aux chocs, opportunité de se repenser. Se préparer pour se montrer plus résilient face aux crises permet de mieux apprivoiser l’incertitude quotidiennement. Pour favoriser sa résilience en cas de chocs, voici 2 éléments-clés que l’entreprise doit exploiter à son profit :

 

  • La vision stratégique: depuis la Loi PACTE de 2019, les entreprises ont la possibilité de se doter d’une raison d’être dans leurs statuts. Pour un groupe comme Atos par exemple, il s’agit d’aider à mieux maîtriser l’espace informationnel. C’est sur ce type de fondement sociétal que l’entreprise résiliente construit pour elle un cadre de prise de décisions et une légitimité à avancer face aux crises.

 

  • L’organisation : la crise sanitaire a contraint les entreprises à réorganiser les habitudes de travail et à donner davantage de pouvoir aux salariés dans leur organisation. Aux managers d’aller dans le sens de cette délégation de pouvoir. Plus autonomes, les salariés seront plus à même de favoriser la réussite de nouvelles activités créatrices de valeur.

 

Ces 2 éléments-clés renforcent le sentiment d’appartenance des salariés, ce qui permet in fine aux entreprises de mieux réussir et d’être plus résilientes face aux différentes crises qui peuvent les frapper.

 

 

Les crises sont aussi des opportunités de se repenser

 

N’oublions pas non plus que les crises sont des terreaux d’opportunités pour se transformer et innover.  Les crises créent de nouvelles attentes, de nouveaux besoins, et ouvrent donc le champ des possibles à de nouvelles entreprises.

Par exemple, les plus récentes crises (crise sanitaire & crise sociale) ont chacune amené leur lot d’opportunités et ont créé de nouveaux secteurs : santé connectée, visioconférence, logistique locale, circuits courts, cybersécurité…

 

Forte hausse des créations d’entreprises depuis le début de la crise Covid : en 2021, 996 000 entreprises ont été crées – un record historique. (Source : Les Echos)

 

 

Conclusion

 

Face à ces crises récurrentes et à cet environnement incertain, 3 questions se posent :

  • Quels sont les types de crises qui ont le plus de chances de se produire dans le futur ? Crises financières ? Crises sociales ? Crises de l’endettement public ? Crises politiques ?
  • Quels risques globaux pourraient menacer l’activité des entreprises et plus globalement l’activité économique ? Comment traiter ces risques au jour le jour ?
  • Dès à présent, que mettre en place pour favoriser la capacité de résilience de l’entreprise et se préparer en amont des prochaines crises à venir ?

 

Ces dernières années, les agents économiques (entreprises, Etats, institutions financières) font chaque jour la démonstration de leur pouvoir de rebond et de leur capacité à se repenser avec optimisme devant les nouvelles crises. En témoigne le nombre de créations d’entreprises qui atteint actuellement des niveaux records.