L’organisation mondiale du tourisme estime qu’avec le COVID-19, le monde est confronté à une crise sanitaire mondiale sans précédent qui a plongé l’industrie du tourisme dans une paralysie inquiétante.
L’interdiction de voyager, la fermeture des frontières et les mesures de quarantaine généralisées se sont traduites par une perte colossale des recettes du tourisme international. Selon l’OMT, il y aurait une perte de 450 millions d’arrivées de touristes internationaux, et une perte de 500 milliards de dollars de recettes d’exploitation du tourisme.

Le Maroc n’échappera pas à la baisse de flux que connaîtra le monde du tourisme dans sa globalité, et il a été constaté un arrêt net de l’activité touristique dès Mars 2020.

Les inquiétudes exprimées par les professionnels du tourisme ont porté sur 3 axes :

  • Sauvegarder l’outil de production en limitant au maximum le nombre de faillites.
  • Sauvegarder les emplois et les compétences.
  • Préserver la compétitivité de la destination Maroc

 

Le tourisme occupe une place importante dans l’économie marocaine. Il a représenté 10% du PIB en 2019. Les recettes du tourisme international ont généré 7.6 milliards de dollars (soit 6.4% du PIB) alors que le tourisme interne génère à lui seul 4.5 milliards de dollars de recettes pour l’économie marocaine.

Nul doute qu’un tel niveau de contribution au PIB national sera réduit à 7% environ dans les 2 prochaines années et ne pourra renouer avec les performances passées qu’à partir de 2023 dans le meilleur des cas.

Le tourisme marocain a donc besoin d’un plan d’urgence pour la relance et la sauvegarde des quelques 600.000 emplois de l’ensemble de l’écosystème. Les différentes associations professionnelles de l’écosystème du tourisme ainsi que des think tanks spécialisés ont proposé au gouvernement marocain plusieurs mesures d’accompagnement pour sauver les entreprises du tourisme du marasme actuel.

Un comité de suivi et de veille, dédié au seul tourisme, est en train de se mettre en place. Ce comité prendra les dispositions nécessaires pour permettre à ce secteur stratégique de reprendre ses activités. Il mettra en place un programme de relance à la fois pour le tourisme national et international. La stratégie mise en place devra s’adapter aux nouvelles donnes post-Covid en prenant en compte la protection sanitaire, la durabilité environnementale, l’inclusion sociale et la transformation digitale.

L’offre touristique devra dorénavant se dérouler dans le contexte de la distanciation sociale et des mesures de prévention sanitaire. L’offre nouvelle devra de ce fait mettre la santé au cœur du dispositif marketing afin de permettre aux touristes d’évoluer dans un cadre sanitairement sécurisé.

Pour la sauvegarde des emplois et le maintien des compétences dans le secteur, une série de mesures d’aide aux entreprises a été demandée par les professionnels, concernant à la fois des crédits bancaires à taux réduits, avec la garantie de l’état,  ce en complément de mesures fiscales attractives et des exonérations de charges sociales.

De plus, l’écosystème du tourisme marocain n’est pas fait uniquement de grands hôtels et de stations balnéaires. Il est fait aussi de métiers plus ou moins structurés, parfois même informels. L’agent de voyage, le guide touristique, l’artisan de la médina de Fès ou de Marrakech, le petit restaurateur, sont autant de maillons cruciaux dans la chaîne de valeur du tourisme au Maroc.

Les professionnels du tourisme voient dans cette crise une opportunité pour lancer les grands chantiers de structuration et de formation des acteurs exerçant dans la micro entreprise marocaine. Des mesures incitatives, fiscales, ainsi que des programmes de formation sont demandés pour mieux structurer le secteur et répondre à la demande de l’après-Covid.

Par ailleurs, l’offre produit devrait être réinventée et encadrée pour offrir le bien-être et la sécurité sanitaire. L’hôtellerie doit se mobiliser pour gagner la bataille sanitaire face au Covid-19 et développer un label à vocation touristique afin de définir un référentiel de certification. A ce titre, les guides de mesures sanitaires devront être élaborés pour rassurer et protéger la santé des touristes.

D’une manière générale, le tourisme devrait se doter de nouvelles normes de procédures et d’outils de validation pour couvrir l’ensemble des aspects liés à la sécurité sanitaire et gagner la confiance des visiteurs. Ces différents programmes seront destinés dans un premier temps aux touristes nationaux. Pour la relance du tourisme international, celui-ci sera tributaire de l’évolution de la pandémie dans le monde et le rétablissement du transport aérien international.

 

Mohamed Amal Guedira

Consultant Senior, Zalis Maroc