Par Jean-Bernard Masselin, Expert en Financements, Redressement & Restructuration d’entreprises

 

Le marché de l’emploi en France fait apparaître depuis plusieurs années la coexistence d’un nombre encore très important de personnes à la recherche d’un emploi et d’un autre nombre (moins important) d’emplois à pourvoir.

Au-delà des statistiques, il suffit de parcourir nos zones artisanales, commerciales et industrielles pour y voir des panneaux exprimant cette recherche de salariés, et de rencontrer les employeurs pour partager leur recherche difficile de nouveaux collaborateurs.

La difficulté est connue depuis plusieurs années, sans avoir trouvé de réponses suffisamment satisfaisantes en dépit des initiatives nombreuses prises par les Pouvoirs Publics, les organismes professionnels, Chambres de Commerce et d’Industries, Chambres des métiers et autres acteurs de l’économie et du monde éducatif.

Le marché de l’emploi est la rencontre entre une offre et une demande. Offre et demande sont diversifiées. La rencontre entre offre et demande se traduit par la signature d’un contrat (en intérim, alternance, CDD ou CDI) et le service d’une rémunération monétaire (salaires, primes, intéressement, …) et para-monétaire (avantages sociaux, accès à une formation professionnelle, …).

L’employeur doit tenir compte de sa capacité financière à assumer le coût de l’emploi à pourvoir (après aides éventuelles à l’embauche). Le candidat va mesurer le revenu accessible (après chiffrage des dépenses qu’il devra assumer : transports, éventuel déménagement, …) pour rejoindre son futur lieu de travail.

Le premier facteur qui déclenche la « transaction » est d’abord d’ordre financier : quel avantage pécunier ai-je à quitter ma situation actuelle (possiblement sous bénéfice de la solidarité « sociale ») ?

Un deuxième facteur me semble être celui de la vitesse d’évolution des contenus de l’offre d’emplois :  l’évolution des techniques et des outils est de plus en plus rapide. Tout le monde n’a pas la capacité à l’accepter et à l’apprivoiser. Certains se trouvent en « blocage » face à des changements qu’ils ne parviennent pas à surmonter.

L’accès à une formation professionnelle (dans l’entreprise) ou à une formation préprofessionnelle (monde éducatif) est un levier essentiel de préparation et de (re) qualification.

Un troisième facteur me semble être lié à l’évolution de la société et à l’acceptation de l’effort. Nous vivons une période où l’on met davantage en lumière les droits à, les loisirs et douceurs de la vie plutôt que le devoir et l’acceptation des contraintes (horaires de travail, déplacements, pénibilités, …). Les réussites entrepreneuriales sont moins médiatisées que celles des « people ».

Enfin, la désindustrialisation de la France, amorcée depuis plusieurs décennies, a conduit au cumul de difficultés : bassins d’emplois en déclin, disparition de certaines filières de formation faute de débouchés pour les diplômés, impossibilité matérielle et financière à entrer en mobilité.

La résorption du paradoxe français va prendre du temps et nécessiter de poursuivre les efforts engagés, sur les plans financiers, éducatifs et médiatiques. Un grand nombre d’entreprises l’ont compris et s’y investissent. Un chômeur qui retrouve un emploi peut à nouveau faire des projets de consommation et d’investissement, et redevient ainsi un contributeur à l’économie nationale et aux budgets publics.

Et, très probablement, poursuit son existence terrestre dans de meilleures conditions de vie !