Par Mohamed Amal Guedira, ZALIS Maroc

 

La crise du Covid-19 a montré que la souveraineté industrielle n’est pas un concept du passé mais une condition sine qua non de la sécurité d’une nation et de son autonomie stratégique. Certaines productions méritent d’échapper aux simples lois du marché et ne peuvent pas être confiées à d’autres pays.

De ce fait, certains secteurs stratégiques qui constituent la souveraineté économique nationale doivent avoir une attention particulière notamment :

  • Le secteur de la santé
  • Le secteur alimentaire
  • Le secteur énergétique
  • Le secteur du digital

 

Il s’agit pour cela d’identifier des entreprises d’intérêt local essentiel qui sont capitales pour sécuriser une population et qui permettent la continuité d’une activité nationale, même en situation difficile afin de ne pas perdre le contrôle de sa destinée.

 

La crise du Covid-19 va pousser l’ensemble des pays européens à approfondir la notion de sécurité économique en cherchant à relocaliser un certain nombre d’activités industrielles sur leur territoire. D’une manière générale, la relocalisation de ces activités en Europe sera très difficile à mettre en œuvre car elle dépendra du secteur d’activité.

Certains secteurs manufacturiers de biens solides pourront être relocalisés car il n’y a pas d’obstacle technique à la robotisation et ceci n’engendrera pas de coût supplémentaire à la production (ex automobile, aéronautique, etc.).

D’autres secteurs comme les laboratoires pharmaceutiques, ont préféré minimiser les coûts de fabrication des molécules en les sous-traitant à l’étranger pour pouvoir investir en Recherche et Développement. S’ils sont contraints de tout relocaliser en Europe, les gouvernements seront obligés de mettre en place des mesures d’accompagnement.

Cependant, il existe d’autres types de secteur manufacturier où l’automatisation est très complexe à mettre en place, comme l’habillement par exemple (masques), où le coût de la main d’œuvre reste élevé et où la relocalisation serait compromettante.

En tenant compte de ce contexte, comment chaque pays européen va-t-il saisir cette opportunité et en profiter pour attirer une partie de ces investissements industriels tout en restant compétitif ? Que doit mettre en œuvre chaque pays européen pour que ceci soit réalisable ?

 

La relocalisation ne doit pas signifier un repli sur soi avec le retour de barrières douanières.

 

Rechercher une indépendance dans certains secteurs stratégiques est essentiel mais jusqu’à un certain niveau ou un certain pourcentage de la production. Il faudrait penser par exemple à des productions croisées entre certains pays qui se trouvent dans un espace logistique bien défini : ce qui crée une dépendance réciproque, empêche le repli sur soi et ouvrira vertueusement le marché. Il y a des idées nouvelles (ou parfois anciennes) à développer pour trouver le juste équilibre.

 

Cette crise doit permettre de comprendre ce qu’il faut faire ensemble quand ça devient nécessaire pour le bien commun et de ne pas fonctionner comme dans certains secteurs, les uns contre les autres.

 

Un certain nombre d’interrogations seront posées par les gouvernements des pays européens au moment de la mise en place des politiques de relance /relocalisation de l’après Covid. Ces politiques de relance seront connues très prochainement et chaque pays doit se préparer dès maintenant pour saisir les opportunités, réagir rapidement à ces nouvelles mesures et être agile au niveau des prises de décisions futures.