Par Frederick Buhr, Expert Zalis en transformation digitale

 

Crise : secteur informatique : tendance de fond vs tendance conjoncturelle

 

Rien de mieux pour mesurer la santé d’un secteur économique en ces temps de pandémie que de comparer les CA de ses entreprises leaders. C’est ce qu’a parfaitement fait Roger Bui dans sa lettre hebdomadaire sur les tendances dans l’industrie des éditeurs de logiciels et des services informatiques (ESN et ICT) en France (lien vers l’abonnement) . En résumé : -8,5% sur T2-2020 pour les prestataires de services et +5,8% pour les éditeurs sur le 2éme trimestre 2020.  Comme l’écrit l’analyste, on pouvait s’y attendre mais doit-on lire dans ces chiffres l’arrivée d’une lame de fond qui va tout bouleverser ou bien une simple tendance conjoncturelle liée à la crise ?

 

Pour une tendance conjoncturelle

La décroissance des ESN et ICT est principalement due à la baisse du taux d’occupation de leurs consultants et de l’effectif productif interne. Premier impact direct de la crise sanitaire du fait d’un allongement des délais de contractualisation des affaires, de perturbations dans l’approvisionnement en équipements et des difficultés d’accès aux sites de certains clients.

Deuxième impact, surtout au deuxième trimestre, les mesures de confinement et les restrictions qui se sont traduites par des reports de projets applicatifs et ont provoqué des retards dans la reconnaissance du revenu de nombreux contrats.

 

Pour une tendance de fond

Le retour à une conjoncture favorable fera t-il repartir nos Atos, Cap Gemini ou Stopra Steria, pour ne citer qu’eux, dans le nouveau monde qui nous attend de l’autre côté de la COVID ?

Dans ce futur incertain, fort à parier que chaque entreprise sera aussi une entreprise technologique, quel que soit le produit ou le service qu’elle propose.

Aucune entreprise ne pourra fabriquer, livrer ou commercialiser efficacement son produit sans technologie.

En d’autres termes, au lieu d’être un outil, une commodité livrable par une nébuleuse à géométrie variable de consultants, la technologie sera une fonction stratégique intégrée aux métiers. Dans ces conditions, la sous-traitance des projets IT ou applicatifs à des prestataires extérieurs se présente plus comme un risque long terme que comme un avantage court terme…

L’imposition du télétravail a brutalement introduit en interne les problématiques de digital workplace, de transformation numérique, de big data et de cybersécurité.

Autant de sujets pointus qu’il a fallu régler rapidement, le plus souvent avec les moyens du bord et sans l’aide des ESN. On voit alors poindre dans les entreprises cette culture digitale, hyper collaborative, basée sur la data et entrée sur l’utilisateur qui n’est plus l’apanage des seules ESN.

 

En conclusion, la prudence reste de mise en attendant la reprise dans un environnement sanitaire et économique à visibilité réduite. Dans ce contexte, la  tendance haussière chez les éditeurs pointerait-elle dans la direction d’un futur avec moins de prestations externes ? Pourtant ces logiciels ne vont pas s’installer et assurer leur maintenance tout seul ? Peut-être bien que oui… En rendant leurs applications plus faciles à développer (low code/no code), à intégrer (plateforme d’automatisation des déploiements) et recetter (IA), les éditeurs sont déjà dans le futur de l’après-pandémie sans vraiment se préoccuper de savoir si leurs partenaires NSE les y rejoindront…

 

Source:

https://ipresse.pagesperso-orange.fr/abo_ils.pdf