Par Frederick Buhr, expert Zalis en transformation digitale.

Auteur du livre « La culture digitale, moteur de la transformation ».

 

Le dernier point de conjoncture économique de l’INSEE montre que la reprise de l’économie française suit le déconfinement réussi du pays. Avec cette franche reprise, la baisse du PIB serait ramenée à 17% au lieu de 20% cette année. Pourtant selon le même rapport, l’économie ne devrait pas revenir à son niveau pre-COVID-19 avant deux ans.

Pour les entreprises déjà confrontées aux remboursements du PGE  et au chômage partiel pour compenser la baisse de l’activité se pose la question des investissements sur les deux prochaines années. Est-il raisonnable de ne plus investir en attendant que la situation s’améliore ? Face à la concurrence nationale et mondiale,  l’attentisme n’est jamais la bonne solution. Alors s’il faut investir autant le faire là où le retour sera le plus élevé.

Avant la pandémie, les investissements consacrés à la transformation digitale se plaçaient parmi les priorités des CODIR. En sera-t’il de même dans cette nouvelle ère d’incertitude ?   Il le faut car ce sont aussi des investissements anti-crise.

Dans le graphique ci-dessous, nous constatons que les valeurs de la technologies qui composent l’indice du NASDAQ à la bourse de New York, ont rebondi après chaque crise, plus rapidement et avec plus d’ampleur que les valeurs des entreprises traditionnelles du Dow Jones.

 

Les valeurs associées à la transformation digitale ont ainsi survécu à l’explosion de la bulle Internet en 2000, sont sorties sans encombre de la grande dépression de 2008 et ont continué d’accélérer pendant la pandémie du COVID-19. Cette extraordinaire résilience aux crises économiques ou sanitaires n’est pas entièrement due aux innovations de la technologie mais surtout à une nouvelle culture que Microsoft, dans une étude de 2018, a identifié comme étant la culture digitale. 

Microsoft a interrogé plus de 20 000 employés d’entreprises européennes en leur demandant s’ils se considéraient productifs, responsabilisés et innovants dans leur travail journalier. Le fournisseur de technologies a ensuite classé les entreprises en trois ensembles selon leur niveau estimé de culture digitale.

Premier enseignement : on compte 12% d’employés très productifs dans une entreprise avec une culture digitale faible mais ils passent à 22% dans les entreprises avec une forte culture digitale.

Deuxième enseignement : on constate que seulement 9% d’employés se sentent responsabilisés dans les entreprises avec un faible taux de culture digitale et 47% d’employés se déclarent responsabilisés au sein d’une culture digitale forte…

Troisième enseignement : Seulement 14% des employés se considèrent acteurs de l’innovation dans les sociétés à faible culture digitale quand 39% estiment innover au sein d’une société avec une forte culture digitale.

L’étude de Microsoft montre que la transformation digitale d’une organisation, doit passer obligatoirement par une meilleure culture digitale sous peine de retomber comme un soufflé mal cuit. Réponse à notre question : c’est  dans l’acquisition et le développement de cette culture qu’il faut investir.

Attention, il ne suffit pas de sortir le carnet de chèques ou d’embaucher des jeunes pour acquérir une forte culture digitale. Il faut avant tout définir le niveau actuel de culture digitale dans l’ organisation. Pour vous aider sur ce point, nous avons mis en place un test que vous trouverez en suivant ce lien.

La culture digitale étant un sous ensemble de la culture d’entreprise, elle résiste aux définitions généralistes.  En revanche, nous pouvons définir ses attributs principaux:

  • centré sur la data
  • fort coefficient collaboratif
  • diversité des employés
  • autonomie des opérations
  • agilité
  • expérimentation
  • formation

Dans un prochain article, nous expliquerons comment acquérir et développer une forte culture digitale en fonction des objectifs de la stratégie. En attendant n’hésitez pas à nous envoyer vos questions et commentaires.