Les estimations de la Banque de France et du gouvernement prévoyaient une progression de 1.3% de PIB sur l’année, dont 0.3% au premier trimestre. Ce jeudi 26 mars 2020, l’INSEE rapporte que l’activité du pays est à 65% de la normale.

En parallèle, certaines dépenses de consommation par les particuliers ont été réduites entre -90% et -100% (textile, transport, etc.). L’estimation la plus récente chiffre la baisse de croissance, associée à un mois de confinement, à 3 points de PIB. Les économistes peinent à chiffrer l’impact de l’épidémie sur l’économie française car les scénarios de propagation dépendent d’éléments inconnus à ce jour :

  • Biologique : capacité du virus à muter, saisonnalité, transmission asymptomatique
  • Statistique : l’étendue des cas non-détectés dus à l’absence de symptômes
  • Réactions locale et mondiale : envergure et ciblage des mesures de santé publique, changement des comportements quotidiens

Deux scenarios :

  • Si l’épidémie est enrayée, on peut espérer un rebond de l’activité économique matérialisé par une croissance suivant une courbe en « V ».

 

  • Dans le cas contraire, les facteurs énumérés ci-dessus pourraient causer l’entrée de l’Europe et de la France dans une récession durable.

 

L’incertitude et la paralysie des moyens de production pousse les entreprises à geler leurs projets d’investissements et d’embauches. La reprise dépendra du niveau de la demande des entreprises elles-mêmes en biens intermédiaires, des ménages en biens de consommation et de services (tourisme et loisirs) et du secteur public en investissements lourds. Si, sur le plan national, la demande est soutenue et équilibrée, on peut alors espérer une croissance forte et durable. Si ce n’est pas le cas on peut au mieux anticiper une croissance en U, ou en W.

A l’heure actuelle, l’Etat est chargé de mettre en œuvre les mesures fiscales et sociales permettant d’amortir l’impact de la baisse d’activité induite sur les entreprises.

Certains des secteurs les plus touchés par le coronavirus sont représentatifs des entreprises qui constituent l’économie du pays dans sa globalité, à l’instar de l’aéronautique civile (4.3% du PIB), du secteur du luxe (1,7% du PIB), de l’automobile, du tourisme en général (7.3% du PIB). On constate, entre autres, que la France a importé 53 milliards d’euros de biens chinois en 2019, principalement pour la grande distribution et l’automobile, et que l’Italie est le quatrième partenaire économique de la France avec près de 36 milliards d’exportations et 43 milliards d’importations. Les échanges industriels subissent d’ores et déjà les impacts de la crise, sachant qu’un container maritime met 6 semaines à arriver de Chine.

De plus, les entreprises françaises font face à des coûts plus importants que la moyenne européenne. Leur charge financière est alourdie par leur taux d’endettement moyen de 74% supérieur à la moyenne de la zone euro s’élevant à 62%. D’autre part, les charges salariales françaises sont 22% plus élevées que la moyenne des pays de la zone euro, et offrent peu de flexibilité de rupture de contrat, rendant les baisses d’activités coûteuses.

Au niveau européen, la BCE a détaillé le jeudi 19 mars la nature et le calendrier des mesures qu’elle allait adopter : notamment un programme de rachat de 750 milliards d’euros d’actifs et une indulgence temporaire quant aux règles communautaires de discipline budgétaire des Etats.

Cependant, contrairement aux Etats-Unis, les taux d’intérêts sont déjà largement négatifs, ce qui laisse peu de marge de manœuvre à l’Institution. De plus, à cause de cette crise hors du commun, il est difficile pour les entreprises de produire et pour les clients d’accéder aux biens de consommation. Par conséquent, même l’injection de liquidités aurait peu d’impact sur l’enclenchement de l’économie. Par ailleurs, procéder à une augmentation des rachats d’actifs (environ 20 milliards d’euros par mois) profiterait davantage aux grandes entreprises qu’aux petites et moyennes qui sont pourtant les plus à risques.

Il s’agira plus d’une crise de « solvabilité » que de « liquidités », nous ferons un point hebdomadaire pour suivre la situation.

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