La crise que nous vivons est exceptionnelle, elle est double: crise sanitaire et crise économique. Les comparaisons avec les crises précédentes, en particulier avec celles que nous avons connues depuis la fin de la seconde guerre mondiale, semblent hasardeuses.

Les précédentes crises sanitaires avaient été beaucoup plus circonscrites, et n’ont pas eu les conséquences économiques de la crise actuelle. Lors de ces crises, les états n’avaient jamais eu recours au confinement qui touche aujourd’hui plus de 3 milliard de personnes dans le monde et qui, selon l’INSEE, a provoqué, en France une chute de l’activité (secteurs marchands et non-marchands) de 36%.

Les crises financières, celles de 1974, de 1980 ou de 2008, ont relativement peu affecté l’économie réelle (production, investissement, emploi) même si dans le cas de la crise des subprimes, les pays européens et le Japon avaient enregistré pendant de courtes périodes des taux de croissance négatifs et une montée du chômage.

Mais la crise actuelle est différente ; les confinements imposés par de nombreux pays, et en premier lieu la Chine, ont entrainé immédiatement une contraction significative de la production de biens et services, et donc de l’offre. Compte tenu de son rôle croissant dans l’économie mondiale, les ruptures d’approvisionnement de Chine d’intrants, de biens intermédiaires et de produits finis, ont été ressentis très rapidement dans les autres pays du monde.

A cet effritement de l’offre s’est ajoutée une chute de la demande, imposée par des décisions contraignantes (tourisme, transport aérien, restauration, évènements culturels…) ou volontaires du fait de comportements de prudence ou d’attentisme de la part des ménages ou des entreprises.

Si l’on admet que la plupart des pays européens et les Etats Unis, comme l’ont fait les pays d’Asie, sauront lutter efficacement contre une violente résurgence du virus, et que le déconfinement permettra effectivement un retour des salariés, et des fonctionnaires (la fonction publique ayant été en partie confinée) à leurs activités, on ne peut pas ne pas ignorer la question des bouleversements que la crise apportera, ou a peut-être déjà apporté, à nos comportements politiques, économiques, sociaux et culturels.

Chacun le sent bien, les réponses à nos interrogations sur le monde à venir ne sont pas claires, ne serait-ce que parce que comme le dit le poète : « l’œil de l’homme civilisé a du mal à voir hors du déjà-vu ».

Mais il faut que nous nous posions les questions de notre positionnement dans l’après crise. Certains entrevoient à la lumière des expériences passées, des développements que nous vivons en ce moment, et grâce à la richesse de leur imagination, des « paradigmes » nouveaux qui s’imposeront aux hommes et aux gouvernements. Beaucoup disent que demain ne sera plus comme avant, faisons-en sorte que demain ne soit pas pire qu’avant.

Dès aujourd’hui, il faut penser les moyens de retrouver la croissance après une récession d’une brutalité et d’une ampleur jamais enregistrées depuis 1929.

Un grand nombre d’éléments demeurent flous :

  • Quelle sera l’attitude des ménages en terme de consommation et d’investissement ?
  • Comment les entreprises envisageront-elles leur programme d’investissement ?
  • Quelles seront la forme et l’ampleur de la contribution du secteur public à la demande ?
  • Quelle sera la forme de la coopération européenne en matière de relance ?

Dans une perspective plus longue, certains évoquent le retour à des politiques d’indépendance nationale en matière de produits et de services stratégiques, l’abandon des productions à flux tendus, la réduction de notre dépendance aux déplacements aériens internationaux, une plus grande utilisation de la visio-conférence. D’autres prônent le retour à la terre et naturellement l’accélération de la transition écologique.

Aujourd’hui chaque chef d’entreprise, chaque décideur doit se demander quel sera sa contribution au changement qu’il pense nécessaire. Chacun doit se réinventer, s’interroger sur son marché et sur ses concurrents. La crise économique sera longue et il y aura débat sur de nombreux points et des interrogations sur de nombreuses stratégies que les uns et les autres défendront.

Devant les incertitudes économiques et stratégiques, il faut investir résolument face aux risques. Zalis est le spécialiste des univers en mutation. Zalis vous guidera dans vos analyses et votre réflexion ; nous vous donnerons les clefs des opportunités à saisir dans cette période exceptionnelle d’interrogations.

Jean Messinesi

Président Honoraire du Tribunal de Commerce de Paris